Les ministres de l’Éducation au Canada peuvent décider du fond et de la forme des programmes scolaires au sein de leur juridiction. Ce droit constitutionnel s’en accompagne d’un autre. Celui d’accommoder les préoccupations curriculaires de la minorité de langue officielle anglaise ou française, selon l’endroit (Freynet-Gagné, 2022). Comment le pouvoir des ministres combiné à leur devoir d’accommodement influence-t-il l’élaboration des programmes d’histoire et d’études sociales ? Je présenterai une analyse comparée de la trajectoire d'élaboration des programmes d’études sociales et d’histoire (ma spécialité) en Alberta, au Québec, en Ontario et en Nouvelle-Écosse depuis l’an 2000. Quatre modèles d’élaboration des programmes émergent : 1) un modèle hiérarchique (on consulte la minorité), 2) partenarial (la minorité décide « à part égale »), 3) collaboratif (la minorité détient un pouvoir discrétionnaire), et 4) séparé (la minorité contrôle ses programmes). Ces modalités ne sont pas prises en compte dans la littérature sur l’inclusion curriculaire des minorités et notamment par la typologie américaine et classique de Banks (1994) à ce sujet. Ma typologie expose des alternatives pour transformer les modalités d'élaboration des programmes en comparant des avenues à suivre.