De nombreux travaux ont fait état du décrochage d’un nombre important d’élève au moment de la crise sanitaire et de la mise en place de la continuité pédagogique. Alertées par des enseignantes étonnées des performances de leurs élèves, nous avons quant à nous travaillé en 2020 avec des jeunes dits « en difficulté », et qui ont semblé profiter de la distanciation de l’enseignement pour raccrocher au scolaire. Des entretiens avec ces jeunes, du travail de correspondance qui s’en est ensuivi durant l’année scolaire 2020-2021, et du regard réflexif qu’ils portent sur leurs écrits réciproques, nous avons tiré des hypothèses de travail qui questionnent certains éléments reconnus du décrochage scolaire . Aujourd’hui, trois ans après cette crise, nous revenons sur ce travail et le relisons à l’aune des avancées conduites entretemps : sans nier les difficultés spécifiques causées chez un nombre important d’élèves par la crise sanitaire et la distanciation de l’enseignement, il est indéniable que la parole de ces jeunes « mis à distance » interroge la forme scolaire dans ce qu’elle a de plus délétère. Nous nous proposons ici de faire le point sur les avancées théoriques qui sont ainsi proposées dans la réflexion sur le décrochage scolaire et ses éventuelles remédiations possibles.