On doit enseigner l’histoire du Québec. Le problème consiste à statuer sur le récit à leur offrir. C’est cette question difficile que j’aborderai dans le cadre de ma conférence. Il me faudra négocier de rudes interpellations et procéder à de malaisés arbitrages. Par exemple, comment, sans nier que la question nationale traverse toute l’histoire du Québec, ne pas ramener la question du Québec au seul enjeu, pour cette collectivité, d’exister nationalement à travers un État souverain qui la tire apparemment vers l’avant pour lui permettre un jour de s’accomplir historiquement? Comment, alors que le tissu social québécois se diversifie de plus en plus sur le plan culturel et sur le plan identitaire, ne pas soumettre le récit envisagé à la rectitude politique de notre époque ou aux attentes historiales des identités particulières, manière de plaire à tout le monde et à son voisin? Quelle place accorder aux Premiers peuples dans le récit collectif ? Quelle place donner aux femmes, aux hommes, aux minorités de toutes sortes, aux groupes LGBTQ2+ et, pourquoi pas, au cadre géographique, à la flore, à la faune, etc.? Est-il tout seulement sensé de faire l’histoire du Québec ? Cet objet d’interrogation et d’investigation existe-t-il au fond ? Et bien d’autres questions du même type.