Walter Benjamin, philosophe et historien de l’art, et Hartmut Rosa, philosophe et sociologue, affirment à près d’un siècle d’intervalle que « le cours de l’expérience a chuté » (Benjamin, 2016 [1933], p. 95) et que « l’accélération [du temps] mène simplement et directement à la désintégration et à une érosion de l’attachement : nous échouons à intégrer nos épisodes d’action et d’expérience […] à la totalité d’une vie » (Rosa, 2012, p. 132). Dans le champ de la didactique de la littérature, Florey et Cordonier (2015) en reprenant les mots de Jean Ollivro (2006), postulent que l’enseignement de la lecture littéraire permettrait de se réapproprier ses temporalités – donc en quelque sorte de parvenir à intégrer nos expériences à la totalité de notre vie. Dans notre recherche en didactique de la littérature, nous travaillons sur l’expérience esthétique à partir de la conceptualisation de Schaeffer et de la théorie de Gadamer. Nous avons analysé et interprété divers écrits de la réception de trois genres : des écrits réflexifs, d’invention et métatextuels (N=201) d’élèves de cinquième secondaire. Dans le cadre de cette communication, nous montrerons, entre autres, la pertinence de penser les écrits de la réception dans un continuum au cours d’une séquence didactique.