L’humilité épistémique pour reconnaitre la complexité des phénomènes éducatifs et les acteur·trices de l’éducation

Colloque du CRIFPE
Conférence principale
Thème(s)
Agir comme professionnel de l'enseignement : le travail
Résumé
Les sciences de l'éducation, les chercheuses et chercheurs visent à atteindre plusieurs objectifs et sont motivés par des cultures épistémologiques parfois complémentaires, parfois conflictuelles. Un dialogue ouvert entre ces cultures pourrait apporter des solutions aux problèmes d'éducation concrets tout en remettant en question les limites de la recherche, des savoirs, des concepts et des méthodologies qui les soutiennent. En d'autres termes, le pluralisme épistémologique peut servir de fondement à la reconnaissance de la complexité de tout phénomène éducatif, à l'avancement de la recherche et des savoirs et à la promotion du dialogue entre la théorie et la pratique. Cependant, ce dialogue « interculturel » nécessaire est menacé ces dernières années, en particulier en ce qui concerne le rôle de la recherche scientifique et les responsabilités des chercheuses et chercheurs à l'égard de la présentation des résultats de recherche aux actrices et acteurs de l'éducation. Nous assistons à une polarisation des postures épistémiques qui opposent erronément la recherche de solutions généralisables aux problèmes et défis de la pratique éducative quotidienne à la recherche contextualisée et centrée sur le sens que les praticiennes et praticiens donnent à leurs expériences pour construire des solutions. Cependant, ces deux pôles doivent être complémentaires et les chercheurs qui s'y inscrivent doivent entrer en dialogue. Le pluralisme et l'humilité épistémiques sont soutenus comme fondements de ce dialogue. Dans cet exposé, je soulignerai que certaines postures épistémiques peuvent entraîner des rapports de pouvoir nuisibles aux objectifs de l'éducation et que la reconnaissance des phénomènes éducatifs comme des expériences vécues par des personnes exige la prise en compte et la défense de leur agentivité et de leurs aspirations.
Auteur.e.s
Stéphanie Demers
Université du Québec en Outaouais - Canada

Stéphanie Demers est directrice du Centre de soutien et d’innovation en pédagogie universitaire de l’Université du Québec en Outaouais (UQO) depuis septembre 2021. Elle a été professeure en fondements de l’éducation au Département des sciences de l’éducation de l’UQO de 2011 à 2021. D’abord enseignante au secondaire, puis chercheuse en santé publique, elle s’est notamment penchée sur les enjeux d’adaptation psychosociale des jeunes et les effets des structures patriarcales sur l’expérience scolaires des filles. Ses intérêts et travaux de recherche sont depuis ancrées dans les théories et la pédagogie critiques et portent sur le pouvoir d’action des personnes dans les cultures et pratiques éducatives, particulièrement en ce qui concerne la prise en compte des injustices face aux savoirs et au contexte de leur production. Dans une perspective sociologique, son travail s’est notamment penché sur la (re)construction sociale des rapports de pouvoir en éducation, du préscolaire à l’enseignement supérieur.

Séance
C-V102
Heure
2023-05-05 8 h 30
Durée
45 minutes
Salle
Montréal 5