Sous l’impulsion d’organisations internationales et de réformes des systèmes éducatifs, la collaboration interprofessionnelle est devenue une exigence de plus en plus forte au fil des dernières décennies pour l’ensemble des personnels scolaires. Au Québec, certaines politiques éducatives enjoignaient déjà, au tournant des années 2000, les professionnels de l’éducation à embrasser davantage un rôle « conseil » auprès des enseignants, notamment en vue d’un meilleur soutien aux élèves handicapés, en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage dans les classes dites régulières. Ces prescriptions de collaboration interprofessionnelle sont susceptibles d’engendrer des implications importantes sur les pratiques et les identités professionnelles, sur le rapport au métier, voire sur la santé mentale au travail des agents éducatifs; c’est du moins ce que suggèrent nos travaux menés auprès de conseillers d’orientation (CO) (Viviers, 2016). À partir du corpus de données de deux recherches qualitatives menées auprès d’enseignants et de professionnels de l’éducation (CO), cette communication vise à mettre en perspective l’expérience que font ces deux corps de métier de la collaboration interprofessionnelle dans le travail réel. L’analyse décrit notamment comment la collaboration peut raviver des enjeux de légitimation et de partage de l’autorité professionnelle qui peuvent être vécus difficilement tant par les enseignants que par les professionnels.