Enseigner des « perspectives » en sciences humaines et sociales au Canada engendre son lot de difficultés (Osborne, 2012). Par exemple, des enseignants d’études sociales qui doivent favoriser l’apprentissage de « perspectives francophones » trouvent ce mandat difficile à valoriser auprès de leurs élèves anglophones en Alberta (Gani et Scott, 2017). Par où commencer en classe avec ce « savoir difficile » (Garrett et Segall, 2013, p. 6) que sont les perspectives francophones en Alberta ? Dix-neuf enseignant·e·s d’études sociales réparti·e·s dans trois groupes de discussion et une entrevue semi-dirigée offrent des réponses à cette question. Malgré la complainte d’un manque de point de départ pour apprendre ces perspectives, les enseignants exposent néanmoins leurs amorces pour les aborder : ces perspectives renvoient surtout au passé, au Québec et à des conflits plutôt qu’à la vie quotidienne en Alberta. Pour légitimer un point de départ davantage local, j’ai proposé avec un certain succès aux enseignant·e·s d’écouter les demandes d’élèves franco-albertain·e·s pour qu’on apprenne leur réalité. Ce type de rapprochement vise à mettre en évidence les processus de socialisation qui, en Alberta anglophone, rendent un savoir difficile plutôt qu'approchable.