Selon la distinction d’Astolfi (2003) entre métier et profession, l’enseignement relèverait plutôt d’une « profession de langage » que d’un « métier de langage ». Un métier se caractérise par la maîtrise de savoir-faire stabilisés, par l’application de gestes reproductibles. Dans une profession, en revanche, l’exercice des tâches requises nécessite la gestion de de situations singulières, inédites. L’instrument premier de l’enseignant étant le langage (Bucheton, 2009), plusieurs études mettent en avant l’importance des approches langagières et linguistiques dans l’analyse de sa pratique (Bucheton, 2021 ; Cicurel, 2011). Nous envisageons dans cette étude de montrer comment l’enseignant, dans la dynamique des interactions langagières de la classe, amène progressivement les élèves à construire des savoirs scolaires. Sur la base d’un corpus filmique d’une trentaine de séances menées dans plusieurs disciplines scolaires de cycle 3 (élèves 8-11 ans), nous proposons d’identifier quelques gestes langagiers didactiques (Champagne-Vergez, Jaubert & Rebière, 2020) permettant de rendre visibles les savoirs en élaboration. Cette analyse se base sur le repérage d’indicateurs linguistiques et de marqueurs discursifs susceptibles de pointer le travail langagier de l’enseignant nécessaire pour développer une posture d’ajustement (Bucheton, 2021, Saillot 2020) par laquelle l’agir de l’enseignant se règle sur la situation spécifique de la classe.