A partir des données issues d'une thèse (Joinel Alvarez, 2021), notre contribution montre comment la mise en œuvre d'entretiens d'autoconfrontation simple avec des enseignants secondaires novices permet de comprendre comment s'organise l'activité de gestion de classe dans toute sa complexité. Elle s'intéresse plus particulièrement à la manière dont les enseignants novices prennent en compte le groupe classe et ses caractéristiques pour exercer leur autorité. Nous présentons les particularités de notre approche située de l'action. Puis, nous décrivons notre dispositif de recherche qui, en combinant l'observation in situ et la description explicite du vécu des acteurs, révèle une complexité inédite lors des interactions enseignant-élèves. Jusqu'à présent, trois grands types d'interactions avaient été identifiés dans la littérature. En classe, l'enseignant pouvait s'adresser à un élève, à un sous-groupe d'élèves ou à tous les élèves. Grâce à l'accès au vécu des enseignants, nous montrons qu'en situation d'autorité, les enseignants sont en situation de double adressage dans presque une interaction sur trois. En d'autres termes, dans ces interactions qui impliquent deux destinataires distincts, les enseignants s'adressent simultanément, par deux canaux de communication différents (verbaux ou non verbaux), directement ou indirectement et de manière soudaine ou choisie à plusieurs élèves ou groupes d'élèves considérés distinctement. Nous explorons finalement les perspectives proposées par de tels résultats pour concevoir des dispositifs de formation initiale et continue d'enseignants.